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Visite de la bibliothèque des Dominicains à Colmar

Nous avons été invités à visiter la restructuration et l’extension de la bibliothèque des Dominicains, un bâtiment conventuel datant du XIIIème siècle, par l’agence AMELLER DUBOIS et Stefan Manciulescu (ACMH). Ces bâtiments accueillent des documents graphiques et écrits d’une valeur inestimable, certains présentés dans un parcours scénographique, d’autres consultables dans des salles de lecture réparties autour du cloître.


Combien de bâtiments conventuels confisqués à la Révolution sont ainsi transformés en Musées ou bibliothèques ou tout autre espace culturel ? On dénombre plus de 47 000 édifices cultuels en France, 26 000 sont classés Monuments Historiques, les églises paroissiales sont au nombre de 35 000.
La période de la Révolution dont on n’ignore pas la part destructrice fut également fondatrice pour la notion de patrimoine : des bâtiments, des œuvres d’art et des livres anciens, entre autres.

Les édifices ont été en quelque sorte recyclés, en les employant pour d’autres usages, tantôt des prisons, des halles à grains, des casernes (surtout à la période napoléonienne) etc. Certains sont devenus très rapidement des musées et des lieux de conservation des livres confisqués aux religieux et aux aristocrates, constitués en fonds devenus biens de l’État, au même titre que les œuvres d’art. Les bases des bibliothèques publiques étaient posées.
Si l’aménagement des villes fut toujours sous le signe du réemploi, aussi bien au Moyen-Âge qu’à la Renaissance, dans la réorganisation de la Cité, celui-ci était essentiellement matériel. La rupture de la Révolution fut de transformer les usages de bâtiments existants et par là-même de redéfinir leur fonction symbolique.
Le couvent des Dominicains en est une parfaite illustration.

Grand merci à Philippe Ameller, Jacques Dubois, Stefan Manciulescu, Émilie Marx et Rémy Casin, conservateur des collections patrimoniales et d'études de la Bibliothèque classée de Colmar, pour cette riche visite.

INFOS

Adresse
Bibliothèque des Dominicains
1 place des Martyrs de la Résistance 68000 Colmar

Bibliothèque des Dominicains

Maître d’ouvrage
Ville de Colmar
colmar.fr
 

Architectes 
Stefan Manciulescu ACMH architecte mandataire
Ameller Dubois architecte associé

ameller-dubois.fr
 

Dates
Livraison 2022

Infos
Surface 3 420 M2
Budget 19 M € HT


Partenaires
SERUE BET TCE
Endroits en Vert Paysagiste
ORFEA Acousticien
Présence Muséographie.


Musée Unterlinden
Place Unterlinden
68000 Colmar

Musée Unterlinden

Photographies
© Patrick ßogner
©archinov
©Denis Humbert

Marqueurs de territoire, particulièrement avec des églises adossées, en cœur de ville pour la plupart, ils conservent après leurs aménagements une valeur mémorielle. La liturgie y est encore très présente à travers les codes architecturaux qui lui sont propres. La préservation des qualités patrimoniales va de soi mais sans doute aussi, plus subtile et non dite, celle d’une certaine qualité spirituelle, pour ne pas dire morale.

Le Couvent des frères Dominicains de Colmar n’y a naturellement pas échappé. Inscrit dans le temps, traversé par les mouvements d’une histoire germano-française, il forme comme une bulle intemporelle dans la ville historique, à l’abri des rues et de leur foule.

La culture du livre et de l’enseignement y préexistait du temps des frères Dominicains, cet ordre créé en 1215 est un ordre de prédication et n’a pas vœu de s’isoler mais au contraire d’être proche de la population, tout en formant des théologiens à la culture solide, sachant lire et écrire le latin. Plus tard, le régime Nazi y avait déjà créé une bibliothèque en 1940, et c’est en 1951 que les fonds de la Ville de Colmar (300 000 ouvrages) y sont regroupés, avec un atelier de reliure. Depuis les locaux n’étaient plus adaptés à leur usage.


Pour retrouver l’essence du bâtiment, les architectes ont purgé tout ce qui étaient ajouts et scories, et choisi d’ouvrir complètement les combles d’une aile en laissant apparaître la charpente (XVème et XVIème siècle) qui surplombe la salle de lecture.
Comme il nous le précise, Stefan Manciulescu aime travailler par touches, par petites zones, juste ce qui est nécessaire. De fait le charme de l’existant est préservé sans rupture brutale avec les interventions contemporaines.


Quand on vide un bâtiment à la si longue histoire on peut s’attendre à découvrir des trésors, des vestiges émouvants. C’était le cas de fragments de fresques qui sont visibles de ci de là, comme des tableaux, la plus importante date du XVème siècle et est visible dans le cloître.
Une petite pièce est apparue avec des piles tronquées… Stefan Manciulescu a choisi de retrouver le volume de cette ancienne sacristie et d’y recréer des voûtes d’ogive, mais en bois.  Les doubleaux et branches d’ogives sont en chêne cintré et sculpté dans l’alignement des piles en pierre et les voûtains sont en lattes ajourées (qui rappellent la texture de la façade de l’annexe), ménageant un plafond technique en partie haute.

Ces interventions, conséquentes, dialoguent avec une scénographie rigoureuse. Les ouvrages sont présentés dans des vitrines placées dans des salles en clair-obscur. Les livres, certains très précieux et rares, y sont exposés en roulement pour éviter la dégradation par la lumière.
D’un couvent à l’autre, notre visite s’est poursuivie au Musée Unterlinden, l’ancien couvent des Dominicaines tout proche, et par une flânerie dans un Colmar transformé en un vaste marché de Noël aux nombreuses douceurs…

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