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Visite de la Cité Universitaire, Paris

Déambuler dans la Cité Universitaire de Paris pour le plaisir, et en profiter pour réviser sa culture architecturale. Car la Cité U est un véritable musée de l'architecture du XXe siècle à l'échelle 1!

Une balade toute simple, que chacun.e peut faire, le parc à lui seul vaut la promenade.
Autant les « piaules » sont petites, juste ce qu’il faut, autant l’espace autour est vaste !
Voir (ou revoir) ses bâtiments sous la houlette de notre conférencière Pauline Tekatlian est encore mieux. Merci à elle et à la Cité U !

En quelques mots, l’histoire de cette Cité Universitaire qui est une Fondation Nationale.

- Souhaitée par André Honnorat dès 1919, au lendemain de la première guerre mondiale, encouragée par le Ministre de l’Instruction Publique Paul Appell et soutenue financièrement par des mécènes, le premier bâtiment a vu le jour en 1925.
- Sa visée pacifiste, et hygiéniste, était de réunir en ce lieu des étudiants de tous pays pour partager, échanger et étudier et promouvoir la paix dans le monde…
- 3 grandes périodes de construction, plus de 7 000 étudiant.es, chercheurs et chercheuses y vivent.

Autrefois chaque nationalité était accueillie dans le bâtiment de son pays, aujourd’hui les étudiants sont répartis dans l’ensemble des bâtiments.

Visite du 28 mars 2025, un jour frais de printemps naissant...
 

INFOS

Adresse
Cité Universitaire
17 Boulevard Jourdan
75014 Paris

Cité Universitaire Paris

 


On effleure les premiers bâtiments construits, chacun reprenant les codes architecturaux de son pays, de styles relativement classiques mais on apprécie cette différenciation, c’est un repère.

Et lorsqu’on arrive au niveau de la Fondation Suisse, la rupture est nette. Pas d’architecture régionaliste, ni d’évocation quelconque de la Suisse. Le Corbusier et Pierre Jeanneret ont appliqué à la lettre « les cinq points de l’architecture » énoncés dès 1926 : les pilotis, le toit terrasse, le plan libre, la fenêtre bandeau et la façade libre. On l’aborde par le côté, le bâtiment semble compact, c’est le salon. Et en le contournant, on glisse sous les poteaux de béton qui libère le rez de chaussée, et forme une enfilade d’un long bâtiment, exposé au sud, face au parc. Classé en totalité au titre des Monuments Historiques en 1986, on a plaisir à voir la fresque peinte par le Corbusier et le mobilier de Charlotte Perriand. Les chambres sont de proportions modestes, entièrement vitrées, au sud donc. Ce qui n’est pas sans poser quelques soucis en termes de confort thermique, équipées de douche, ce qui était loin d’être généralisé.
On retrouvera cette disposition et ce mobilier dans d’autres maisons, toujours dessinés par Charlotte Perriand.

La Maison du Mexique est surprenante. Le Mexique avait réservé sa parcelle dès 1925, au sud de celle des États-Unis, mais son histoire mouvementée n’a permis sa construction qu’après la seconde guerre mondiale en 1953. Œuvre de l’architecte Jorge L. Medellin et de son frère ingénieur Roberto L. Medellin. L’entrée principale (face au bâtiment des États-Unis) est en pignon du bâtiment, ce qui crée l’illusion d’un petit bâtiment, qui en réalité est fort long et étroit, un peu à l’image de ce pays. Il s’étire entre le parc et un jardin privatif. Un long hall entièrement vitré et traversant permettait d’organiser de grandes réceptions, contrairement au salon de la Fondation Suisse avec sa table de marbre ancrée au sol…

Les chambres au-dessus sont dédiés aux garçons (étaient ?) et les filles logées dans un petit bâtiment annexe. L’architecture est moderniste, franche, une fresque Maya a été reproduite en façade, une sculpture Aztèque placée dans le jardin. Le mobilier de Charlotte Perriand a depuis disparu, vendu aux enchères. 
Une anecdote qui n’aurait pas déplu à M. Honnorat : les étudiants américains et mexicains ont décidé de créer en commun un jardin de la paix, en réaction au projet de Donald Trump d’édifier un mur à la frontière, lors de son premier mandat, après avoir imaginé édifier un mur pastiche entre les bâtiments en forme de parodie.
Que vont-ils pouvoir faire maintenant ?

Le sud du parc a été rogné par le périphérique construit en 1959-60, qui en a empêché toute extension. Le bâtiment des Arts et Métiers construit en 1950 s’est retrouvé isolé de l’autre côté, accessible par une passerelle, au-dessus de ce flot incessant de voitures et camions... L’hygiène s’en prend un coup.
Malgré tout, les projets ont continué à se construire en intégrant cette nuisance.
Le dernier en date est celui de la Chine. La Maison de Chine-Jardin de l’harmonie, toute en briques grises et bardages bois en cours intérieures a été conçue par l’équipe sino-française FCJZ et Coldefy & associés Architectes et Urbanistes, le bâtiment est livré, en attente de ses occupants. 

Nous étions aussi très curieux et curieuses de voir l’ancienne Maison de l’Iran, devenue Fondation Avicenne, tout juste réhabilitée par l’agence Beguin & Macchini (ouverture 28 novembre 2024).
Conçue par les architectes iraniens Mossem Foroughi et Hedar Ghiai, les français André Bloc et Claude Parent, cette tour édifiée en 1969 rompt à son tour avec l’écriture moderne de l’après-guerre et l’emploi du béton. L’utilisation de l’acier aussi bien en structure qu’en bardage et équipements est radicale. C’est un des rares immeubles en France suspendus à une macro-structure.
Les deux blocs de chambres (4 étages par bloc, 111 chambres en tout) sont chacun suspendus à une structure de trois portiques en poutre-caisson et à deux grilles de poutres horizontales. La fonction porteuse est mise en valeur, la suspension est soulignée par le vide au sol et l’espace intermédiaire (en retrait, traité en noir pour s’effacer du regard) entre les deux blocs. Cela lui confère une forme de puissance qui en fait un véritable signal, souligné par l’escalier hors œuvre en double spirale inversée qui s’élance sur l’ensemble des niveaux. On mesure à quel point les architectes chargés de la rénovation ont été respectueux du projet initial tout en intégrant les normes et usages en vigueur. Le bâtiment est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 2008. À noter que le constructeur métallique est l’entreprise Sylvamétal/Baudin Chateauneuf, le projet a reçu le prix Eiffel de l’architecture - lauréat habiter, en 2024.
Et ce n’est pas fini. En quittant la Cité Universitaire par l’Ouest, la partie la moins fréquentée, on longe le superbe bâtiment du Collège Néerlandais-Fondation Juliana. Édifiée en 1938, c’est l’unique œuvre de l’architecte Willem Marinus Didok en France, classée au titre des Monuments Historiques en 2005. À l’angle du Parc (Nord-Ouest), elle en constitue une pièce maîtresse, d’une grande pureté. Bien que largement rénové (2011-2016), le bâtiment semble intact et a encore ses fenêtres ouvrantes vers l’extérieur, à petits carreaux, et si fines…
Il faut revenir, impérativement !

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